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Rédigé par
David VINCENT

La version araméenne de la Bible et son utilité pour l’étude du Nouveau Testament

23.1.2024
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Bible
2min


À l’époque de Jésus, les Judéens utilisaient une version araméenne de la Bible appelée « Targum » (prononcer « targoum »). Nous verrons pourquoi il est utile de connaitre cela pour mieux comprendre le Nouveau Testament.


Origine du Targum

Le terme de « targum », qui dérive de l’akkadien et du hittite, veut tout simplement dire « traduire » en araméen. Le but de cette version est de proposer une traduction araméenne de la Bible, écrite en hébreu, pour que le peuple puisse la comprendre. La tradition rabbinique fait remonter la pratique du targum à Esdras, qui expliquait la Bible au peuple (Néh. 8 : 1-8).

Avant l’exil à Babylone (6e siècle av. J.-C.), le peuple parlait hébreu et les élites parlaient hébreu et araméen. Mais au retour de l’exil babylonien, la situation linguistique a progressivement évolué et la compréhension de l’hébreu a régressé au sein du peuple. À l’époque de Jésus, seuls les aristocrates et les religieux comprenaient encore l’hébreu. C’est pour cette raison que Jésus lui-même prêchait en araméen.

On peut donc dire que le Targum est une traduction araméenne de la Bible. Toutefois, cette version n’est pas une simple traduction. En traduisant le texte, l’orateur interprète la Bible et ajoute souvent des éléments issus de la tradition orale. Certains targums peuvent être presque deux fois plus longs que le texte biblique qu’ils traduisent.


De l’oral à l’écrit

D’abord œuvre orale, le targum a ensuite été mis par écrit. Cependant, à cause de leur mode même de composition, il existe différentes versions. Tous les livres bibliques, à l’exception de Daniel, Esdras et Néhémie, ont un Targum, mais tous ces targums n’ont pas la même importance. Le judaïsme rabbinique accorde à la version dite d’Onqelos, le statut de Targum officiel. Toutefois, cette décision rabbinique est postérieure au Nouveau Testament. Ce Targum a été finalisé en Babylonie, probablement au début du 3e siècle après Jésus-Christ.

Pour comprendre le contexte historique du Nouveau Testament et découvrir les traditions orales judéennes et juives, il est donc aussi intéressant d’étudier les autres targums.

Il faut cependant bien rappeler que sous leur forme écrite, ils n’ont été définitivement édités que vers le 7e ou 8e siècle. Toutefois, ils préservent des traditions anciennes, dont certaines datent même d’avant la venue de Jésus.


Un exemple d’utilisation dans le Nouveau Testament

L’exemple le plus évident se trouve dans 2 Timothée 3:8. Nous lisons ceci :

« De même que Jannès et Jambrès s’opposèrent à Moïse, de même ces hommes s’opposent à la vérité, étant corrompus d’entendement, réprouvés en ce qui concerne la foi. »

Dans ce passage, Paul mentionne explicitement deux personnes, « Jannès et Jambrès », qui se sont opposées à Moise. Or, vous aurez beau lire et relire l’Ancien Testament, que vous trouvez dans toutes les Bibles, vous ne les verrez jamais apparaître. En réalité, ces deux personnages sont bien mentionnés trois fois dans la Bible (deux fois dans le livre de l’Exode et une fois dans Nombres), mais uniquement dans sa version araméenne (Targum).


Texte biblique et Targum

Pour donner une idée des différences qui peuvent exister, je vous propose de comparer le texte d’Exode 1 : 13-16 dans deux versions : la version rabbinique, utilisée dans nos Bibles, et le Targum. Comme vous pourrez le constater, le texte du Targum est beaucoup plus long et apporte des informations inédites qui ne figurent pas dans la version hébraïque.

Exode 1 : 13-16

Texte rabbinique :

« Alors les Égyptiens réduisirent les enfants d'Israël à une dure servitude. Ils leur rendirent la vie amère par de rudes travaux en argile et en briques, et par tous les ouvrages des champs: et c'était avec cruauté qu'ils leur imposaient toutes ces charges. Le roi d'Égypte parla aussi aux sages-femmes des Hébreux, nommées l'une Schiphra, et l'autre Pua ; Il leur dit: Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux et que vous les verrez sur les sièges, si c'est un garçon, faites-le mourir; si c'est une fille, laissez-la vivre. »

Targoum :
« Et les Égyptiens réduisirent les enfants d’Israël en servitude, avec dureté, et ils leur rendirent la vie amère dans un dur travail, dans l’argile et les briques et toutes sortes de travaux dans la campagne, toutes sortes de travaux qu’on leur imposait avec dureté. Or Pharaon dit que tandis qu’il dormait il avait vu dans son songe que tout le pays d’Égypte était posé sur le plateau d’une balance et un agneau, le petit d’une brebis, sur l’autre plateau de la balance et le plateau où se trouvait l’agneau s’abaissait. Aussitôt il envoya quérir tous les magiciens d’Égypte et leur conta son songe. Immédiatement Jannès et Jambrès, chefs des magiciens, ouvrirent la bouche et dirent à Pharaon : « Un fils est destiné à naître dans l’assemblée d’Israël par le moyen de qui toute .terre d’Égypte est destinée à être dévastée. » C’est pourquoi Pharaon, le roi d’Égypte, avisa et dit aux accoucheuses juives – l’une avait pour nom Shiphrah, c’est Jokébéd, et le nom de la seconde était Pu’ah, c’est Miryam, sa fille – il dit : « Quand vous accoucherez les femmes juives, vous surveillerez le siège : si c’est un enfant mâle, vous le mettrez à mort et si c’est une fille, elle pourra vivre. »

Conclusion

En conclusion, il est utile de connaître le Targum pour mieux comprendre le rapport des Judéens du temps de Jésus à la Bible. De plus, cela nous apporte un éclairage direct sur certains textes du Nouveau Testament, même si les auteurs se réfèrent aussi à d’autres sources.  


Bibliographie
LE DÉAUT, R. (1966). Introduction à la littérature targumique. Rome : Institut Biblique Pontifical.
MCNAMARA, M. (1978). The New Testament and the Palestinian Targum to the Pentateuch. Rome : Biblical Institute Press. (2e édition revue et augmentée).
MCNAMARA, M. (2010). Targum and Testament Revisited. Aramaic Paraphrases of the Hebrew Bible : A Light on the New Testament. Grand Rapids : Eerdmans. (2eédition).

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